Le rapport « polluants éternels »: guerre informationnelle autour des PFAS vise à étudier les acteurs et les stratégies informationnelles déployées autour de la loi du 20 février 2025 visant à « protéger la population des risques liés aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ».
Cette étude présente de manière détaillée :
- Les différents champs informationnels utilisés, en particulier les réseaux sociaux dont X-Twitter / YouTube / LinkedIn, les médias radio et télévision, mais aussi les réunions publiques.
- Les acteurs engagés: le camp de la lutte représenté par les ONG et les militants se réclamant de l’écologie d’un côté, les industriels et leurs soutiens pro-industrie et pro-science de l’autre et enfin les institutions publiques impliquées sur le sujet des PFAS.
- Les messages déployés par chacun des camps autour de la loi, en particulier sur la lutte autour de la notion même de « polluants éternels».
En particulier, l’étude des acteurs se penche sur le rôle de certaines ONG dont Générations Futures, de l’activiste Camille Etienne, mais aussi le soutien apporté par divers journalistes présentés comme « partisans », notamment au sein du Forever Pollution Projet. L’étude décrypte certains des temps forts de la campagne anti-PFAS dont la vidéo postée par Camille Etienne intitulée PFAS : comment les industriels nous empoisonnent du 23 mars 2024 et le reportage de Complément d’enquête diffusé sur France 2 le 16 janvier 2025 « PFAS : la grande intox de l’industrie et reprenant la même trame : ciblage des mêmes industriels, mise en avant des mêmes intervenants, restriction du champ de la contradiction etc.
Le rapport démontre que le rapport de force informationnel sur cette période allait au bénéfice des promoteurs de la loi, contrairement aux discours tenus présentant un rapport de force à l’avantage des opposants à cette même loi.
Par ailleurs, l’étude des messages décrypte la méthodologie du camp « anti-PFAS » à travers un triptyque méthodologique : simplification – dramatisation – amplification.
Le rapport démontre aussi que Générations Futures reprenant les propos tenus par la Corporate Europe Observatory dans une de ses publications, travesti l’information et présente la saisine de l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) par 5 pays européens comme une demande d’interdiction alors qu’il s’agit d’une demande de « restriction » en anglais, soit de limitation / régulation. Il s’agit d’un mensonge par omission, d’une désinformation ou d’un relai non vérifié propageant une fausse information c’est-à-dire une mésinformation.
Le rapport analyse également la communication du camp des industriels visé, qui apparait comme étant en décalage avec la menace informationnelle existante. La démarche des industriels est restée assez classique avec des actions de lobbying et une communication centrée sur leur cœur de métier qualifiée de « corporate » ayant assez peu d’écho face à une saturation informationnelle organisée par le camp des « anti ».
Cette étude met également en avant certains angles morts argumentatifs, à savoir des thématiques non soulevées lors des débats sur les PFAS, en particulier la question du financement des ONG et des militants, la responsabilité de ces mêmes parties dans la montée de l’écoanxiété et plus globalement la problématique de chimiophobie.
Les positions de plusieurs institutions publiques sont également étudiées, dont les Autorités Régionales de Santé (ARS), les Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), l’Académie des Sciences et le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche. Cette partie montre que le camp anti-PFAS a obtenu une capture institutionnelle, c’est-à-dire que certaines autorités ont repris un narratif issu de l’argumentation des ONG et militants (avec en point d’orgue la réutilisation du vocable « polluants éternels » sans réelle prise de distance).
Le rapport met également en perspective cette guerre informationnelle avec les débats en cours au niveau européen, en s’appuyant sur des exemples en Allemagne, Belgique, Suède, Italie, Espagne et Pologne. La France, à travers la loi de février 2025, apparait donc avoir anticipé la réglementation européenne sur ces questions alors que les autres pays européens semblent dans une logique plus attentiste des études actuellement réalisées par les autorités européennes dans un cadre contradictoire.
L’étude de la guerre informationnelle autour de la loi de février 2025 démontre qu’un deuxième acte est déjà en préparation : au niveau français avec la volonté du camp anti-PFAS d’introduire le cas des ustensiles de cuisine dans le champ d’application, ces derniers ayant été exclus de la première version et au niveau européen avec la volonté de peser sur les travaux en cours afin d’obtenir une interdiction totale de ces substances.