La notion de guerre économique reste encore un angle mort dans la manière dont les responsables du monde économique appréhendent leur environnement. La très grande majorité d’entre eux se focalise sur les problématiques d’innovation et l’analyse concurrentielle sans chercher à avoir une approche plus globale des affrontements économiques qui peuvent entraîner des répercussions très précises sur leur chiffre d’affaires et leur volume d’activités.
Le rapport que l’ancien président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a remis en septembre 2024 au président de la République, est très orienté sur « la sécurité économique des entreprises dans ses aspects fonctionnels (ingérence, espionnage industriel, menaces informatiques et numériques, les risques liés à l’intelligence artificielle) ». Mais il ne traite pas réellement de la question de la guerre économique en termes d’enjeu stratégique.
Il n’est plus possible aujourd’hui de se focaliser sur les cœurs de métier, en évitant les sujets qui dérangent les réflexions managériales classiques. L’évolution conflictuelle du monde rend plus que nécessaire le besoin de formaliser de nouvelles grilles de lecture sur les stratégies d’encerclement par les normes mais aussi sur les méthodes d’accroissement de puissance par l’économie qui faussent les règles de concurrence, ainsi que le renforcement des politiques protectionnistes et sans oublier les nouvelles méthodes de conquête masquées des marchés, sous couvert du développement des technologies de l’information.
Le centre de recherche appliqué CR451 de l’École de Guerre Économique a donc décidé d’entamer la publication de rapports destinés à éclairer ces angles morts de la guerre économique en partant de la situation vécue par des secteurs industriels.
Le CR451 a mandaté Aurélie Poquet pour rédiger ce rapport sur la guerre économique dans le secteur de la plasturgie. Pourquoi avoir choisi ce sujet ? L’élément déclencheur est la prise de parole d’un homme du métier qui a déclenché un débat sur la prise en compte de l’importance de l’industrie du plastique dans le fonctionnement de nos sociétés.
Il n’est pas courant qu’un représentant du monde de l’entreprise rédige un ouvrage pour dénoncer publiquement les attaques que subit son secteur. Joseph Tayefeh ne dissocie pas les affrontements informationnels que subit l’industrie de la plasturgie, de ses enjeux stratégiques de développement aux niveaux national et international. Rappelons à ce propos que la plasturgie française regroupe près de 3000 entreprises et près de 120 000 salariés sur le territoire national et la troisième Européenne en taille.
La guerre cognitive au prisme de la boucle OODA
Alors que la guerre de l’information va consister à modifier une action de manière limitée, la guerre...