En France, la notion de « guerre économique » est difficile à appréhender. La majorité des chefs d’entreprise se focalise encore sur les problématiques d’innovation, maître-mot de la culture du monde de l’ingénieur. Les affrontements économiques entre puissances et leurs conséquences concrètes restent un domaine qu’ils abandonnent au pouvoir politique. Mais ce jeu de défausse a atteint ses limites, car rares sont pour l’instant les dirigeants politiques qui ont une vision stratégique intégrant les problématiques de guerre économique.
Pour aborder la question de la guerre économique, il faut différencier trois types de concepts. Premièrement, l’« économie de guerre », qui désigne les pratiques économiques exceptionnelles pour répondre aux besoins de la guerre militaire. Deuxièmement, la « guerre économique du temps de guerre », qui est illustrée par les opérations offensives pour parasiter les circuits d’approvisionnement de l’ennemi et affaiblir les capacités de survie de la population adverse. Troisièmement, la « guerre économique du temps de paix », qui est une confrontation entre parties pour capter, contrôler des richesses, et accroître sa puissance. Celle-ci génère un mode de domination qui évite de recourir à l’usage de la puissance militaire pour imposer une suprématie durable.
La sécurité économique vise à protéger les règles de concurrence dans la mondialisation des échanges. Elle est la formulation officielle de la notion de guerre économique du temps de paix qui s’est imposée au monde nord-américain suite à une série de revers d’ordre à la fois géopolitique et géoéconomique…
