#4 La machine de guerre américaine

Par un auditeur de l’École de guerre économique

De la fin de la guerre froide à « l’empire global »

En 1989, les relations internationales changent profondément après la chute du mur de Berlin et la rétractation du pacte de Varsovie. La dissolution de l’URSS, en 1991, marque la fin de l’Histoire chère à Francis Fukuyama, chercheur en sciences politiques et membre fondateur du Project for the New American Century, ou PNAC (« Projet pour le nouveau siècle américain »), think tank néoconservateur américain créé en 1997. Ce chercheur conclut que la démocratie libérale et l’économie de marché n’auront désormais plus d’entraves. Il propose alors la « théorie de l’empire global », étayée par la pensée de Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président américain Jimmy Carter. Selon cette théorie, l’humanité serait en transition vers un monde polarisé autour de la seule puissance dominante que sont les États-Unis.

Pour asseoir une hégémonie américaine et empêcher le développement de rivaux comme la Chine et la Russie, Brzezinski estime que les États-Unis doivent s’allier à l’Europe, pivot stratégique, pour dominer l’Eurasie en cooptant ou en contrôlant ses élites. Pour cela, les États-Unis ont besoin d’un partenaire européen stable et fiable mais, l’Europe étant trop complexe, Brzezinski est partisan d’un resserrement de la coopération avec les trois pays européens d’envergure mondiale que sont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. La suprématie sur l’Eurasie est stratégique : cette sphère contient les trois quarts des ressources naturelles en matière d’énergie et représente 60 % du PIB mondial. Le contrôle de l’Asie centrale est un des principaux objectifs. Par ailleurs, il explique qu’il n’est pas possible d’arriver à un consensus international, sauf dans le cas de la « perception d’une menace extérieure directe et massive ».

Le monde d’après l’Union soviétique est celui de la libre circulation non seulement des marchandises, mais aussi des capitaux mondiaux, sous le seul contrôle des États-Unis, marquant ainsi le passage du capitalisme à la financiarisation. La guerre froide terminée, le président George H. Bush décide de consacrer les efforts de son pays à sa prospérité. Il souhaite transformer l’hégémonie américaine en faisant des États-Unis un leader de l’ensemble du monde et un garant de sa stabilité. En cela, il jette les bases d’un « nouvel ordre mondial » d’abord dans son discours aux côtés de la Première ministre britannique Margaret Thatcher à l’Aspen Institute, le 2 août 1990, puis lors de son discours au Congrès, le 11 septembre 1990, annonçant l’opération « Tempête du désert » contre l’Irak de Saddam Hussein.

Ruptures et intérêts pétroliers

Sous l’administration du président Bill Clinton, de janvier 1993 à janvier 2001, les États-Unis font face à deux ruptures majeures qui vont façonner le monde de la fin du XXe siècle et du début du XXIe.

La première rupture est une rupture technologique, principalement américaine, avec le développement d’Internet et du Web qui vont permettre au pays qui les ont créés d’augmenter substantiellement le champ des possibles. À compter de 1995, Internet commence à avoir un impact significatif sur la culture et le commerce local en permettant la communication quasi instantanée avec les e-mails, les forums de discussion, les blogs, les réseaux sociaux et le commerce en ligne. À la fin des années 1990, le trafic Internet croît de 100 % par an et le nombre d’usagers de 20 % à 50 %. Son extension au niveau mondial augmente le nombre d’informations et de connaissances mises en ligne et facilite le développement d’un commerce dématérialisé incluant l’industrie culturelle des jeux et des films en ligne. Les États-Unis chérissent la culture du XIXe siècle et plus particulièrement de la conquête de l’Ouest ; ils voient dans la création de ce monde dématérialisé une nouvelle forme d’expansion, de prospérité et de domination pour celui qui en façonne et contrôle l’architecture. La data, l’information, devient le nouvel or du XXIe siècle.

La seconde rupture est plus douloureuse, (…)

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